jeudi 20 mai 2010

une lettre de 1675 (2)

AMEP, voulme 734, page 120.

À tous ces maux je crus que Dieu (p. 120) me demandait de commencer par remédier à ce dernier mal qui était la source de tous les autres.
Je découvris dans les fréquents entretiens que j’eus avec la supérieure qu’à la vérité elle est ignorante et grossière ; mais c’est pourtant une âme d’élite: la crainte de Dieu, une obéissance aveugle, une humilité et une charité incomparables, la rendent aussi grande aux yeux de Dieu qu’elle est méprisable en soi-même et à ses filles. Je commençai par lui demander quelques jours pour délibérer si je lui donnerais la permission de sortir du couvent; cela donna de l’épouvante aux filles, car quoi qu’elles la méprisent, elles ne laissent pas de l’aimer au fond, parce que c’est comme une bonne mère poule qui donne à manger à ses poussins ; elle est ménagère, et traite peut-être trop bien ses filles. Ayant connu cela, je poussai à la roue, et lui dis que sur le point de lui donner la permission de s’en aller, il me fallait consulter les filles; je les fis donc venir les unes après les autres, et toutes me prièrent instamment de la retenir.
Cela étant fait, je fis revenir la supérieure et lui défendis dorénavant de parler de départ, lui représentant qu’après une si manifeste déclaration de la volonté de Dieu, elle ne pouvait sortir sans pécher ; que son évêque l’avait établie supérieure après que les filles l’avaient élue ; que je voulais que ces dernières lui obéissent, et que la première qui lui désobéirait, en chose de conséquence, je la chasserais du couvent. Elles me le promirent. Je les pris toutes ensuite en particulier, et leur représentai les désordres et le pitoyable état de ce couvent, le jugement de Dieu si sévère à ceux qui abusent de ses grâces. Elles se repentent, elles font des confessions générales, elles entrent même en scrupule et ont l’appréhension d’encourir l’indignation de Dieu ; elles m’arrachent une ceinture de fer, de feu M. Hainques, que je trouvai là par hasard ; elles se font des disciplines, et enfin embaument mon âme d’une odeur très suave.
En même temps j’ajoute les aides extérieures à ces intérieurs, je fais faire une bonne porte que je leur commande de tenir toujours fermée ; je leur ordonne de relire les règlements que Votre Grandeur y a laissés de quinze en quinze jours une fois, et [je] leur fais une horologe [sic] de demi-heure pour l’oraison, et en même temps [je] leur fais des longues instructions pour leur apprendr la méthode (p. 121) pour la bien faire.

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