A. M.E.P., volume 734, page 119.
1675.
Depuis la dernière lettre que je me donnai l’honneur d’écrire à Votre Grandeur étant à Quanghia, environ le 7 ou 8e de décembre de l’an 1674, je fus chez le catéchiste Tiẹc qui, à proprement parler, est le seul catéchiste qui soit en Cochinchine et en fasse l’office ; j’y eus bien de l’occupation le samedi au soir et le samedi suivant.
Dans cet intervalle, je fus revoir le couvent des filles à Botláy, chez Ou Thomé Deạ ; j’entrai dans la maison et fis lire le règlement que Votre Grandeur y a établi. Je m’informai de la supérieure et des particulières si tous les points s’observaient bien exactement; je n’en pus avoir aucun éclaircissement. Étant pourtant souvent allé à l’église à la dérobée, trois ou quatre fois j’entendis les éclats de rire dissolus; d’ailleurs leur oraison était si courte, qu’à proprement parler ce n’était qu’une lecture simple du sujet d’oraison; les interrogeant sur les choses spirituelles, je remarquai une grande ignorance ; tout cela, joint aux instances pressantes et importunes que me faisait la supérieure de sortir du couvent, me fit entrer en soupçon de quelque grand désordre dans ce couvent, ce qui m’obligea à redoubler mes prières auprès de Dieu pour en obtenir d’éclairer mon esprit, afin de découvrir tout le mal et d’y porter le remède convenable. Dieu m’exauça : je découvris enfin que ce couvent était sur le bord du précipice. L’oraison et la recollection ne s’y faisaient que par manière d’acquit; on y avait presque entièrement oublié les constitutions de Votre Grandeur; on n’y pratiquait plus la pénitence; on n’y entendait que des discours profanes, des rires éclatants et dissolus; les hommes y entraient et sortaient quand ils voulaient, et la supérieure même m’avertit que les hommes se divertissaient avec les filles jusqu’à toucher leurs mains et leurs pieds, ce qui est en Cochinchine les prémices immédiats de l’entière fornication. Ce ne fut qu’après quatre ou cinq jours de travaux et de veilles que je tirai d’elle cet aveu ; le pis de tout, c’est qu’il n’y avait plus de subordination ni d’obéissance envers la supérieure.
À tous ces maux je crus que Dieu (p. 120)
jeudi 20 mai 2010
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